Une planète pas faite pour moi...

J'étais accoudée à une table en bois. Seule. Je sentais quelques regards me vriller la nuque, une jeune fille de mon age ne devait pas traîner dans ce coin là. Je regardais distraitement la fumée des cigarettes faire des courbes puis, peu à peu, se dissiper. Si j'étais venu ici c'était à cause de l'ennui, il me poignardait et me poussais à faire des choses insensées, peu importe quoi, pour fuir cette vie pathétique que je menais. Je voulais sentir les arômes de la forêt et la douce caresse de l'herbe sous mes pieds. Je souhaitait être près d'Angel, il me manquait dans ce bas monde, il m'arrivais souvent de parler toute seule, sans m'en rendre compte, en général, je tournais la tête et me rappelais soudain qu'il n'était pas là, alors je regrettais sa fourrure contre ma peau, ces petits grognements régulier pour afficher son mécontentement et l’éclat magnifique de ses yeux. Je laissa échapper un soupir lourd de regrets et fixais la boisson que j'avais commandée : une bière. Du haut de mes dix-sept ans je n'avais pas le droit de toucher une goutte d’alcool, mais le barman s'en foutait : tant qu'il se faisait de l’argent peu lui importait, que je sois majeure ou pas . Ainsi, je repensais au fonctionnement étrange des êtres humains, certains tueraient pères et mères pour avoir de l'argent, croyant que ce dernier fessait leur bonheur. Je tapota la table de mes ongles et avala une gorgée du liquide mousseux qui me lassa une fine moustache blanche que j'essuyais immédiatement avec le revers de ma manche. Puis, décidant que les exclamations de certains hommes soûls étaient épuisantes j'allumais mon Ipod et enfonçait mes écouteurs dans mes oreilles et finissant de siroter ma commande. Une fois cette dernière terminée je réglais l'addition et quittais cet endroit. Dans la rue, je m'appuya contre un mur et sortit une cigarette que j'allumais. Avant que j'ai pu l'apporter à mes lèvres un inconnus – manifestement un homme – me la pris et inspira un grand coup. Puis me déshabillant du regard il souleva un sourcil quand j’essayai de la lui reprendre.

- S'il vous plaît, rendez moi ma cigarette, elle m'appartient.
- Non.

Il m'attira vers lui par les hanches et me susurra à l'oreille de son halène puant l’alcool :

- J’habite pas très loin...

J’essayai tant bien que mal de me sortir de son étreinte de fer, mais n'y parvins pas. Il marchais maintenant dans la direction opposée de laquelle j'étais venue. J'angoissais, j'allais irrémédiablement passer une mauvaise nuit si je n’arrêtais pas le processus tout de suite. Je me tortilla, ce qu'il pris pour un empressement, il marcha donc plus vite et me promettant qu'on serait bientôt arrivés. J'avais beau lui répéter que je ne voulais pas, il était sourd à mes protestations. Je cria au passant de m'aider mais aucun ne fit mine de se retourner. Après une ultime objection je glissa ma main dans la poche gauche arrière de mon jean et en sortit un couteau à cran d'arrêt.
Je fit sortir subitement la lame qui accrocha la lumière blafarde des lampadaires, l'homme écarquilla les yeux, c'est seulement quand j’eus approché mon couteau de sa gorge qu'il me lâcha.
Nous étions à présent face à face, moi dans une position de combat, les genoux légèrement fléchis et les pieds ancrés, le couteau rapproché.

- Bouge un cil et je t'étripe, j'ai un entraînement de professionnel là dessus. Dis-je en indiquant l'arme du regard.
- Calme toi !
- Je ne suis pas énervée. Simplement exténuée par ton attitude irresponsable. Touche encore une fille, et je te promet que je détruirais ta vie. Tu crois que c'est facile de vivre une vie sous le sexe féminin ?! Le sexisme, les agressions, les viols ça ne manque pas ! Alors réveil toi, ne détruit pas des vies qui valent cent fois la tienne !

Il me regarda, je ne sais pas si il était sidéré par ce que je venais de lui dire ou du fait qu'il se soit fait repoussée par une fille. Je fit tourner la lame entre mes doigts d'une main experte.
- Au secours ! À l'aide ! Il y à une PSYCHOPATE qui pointe un couteau sur moi !
- Hé ! mais c'est toi qui...

Le mot couteau avait réveillé ceux qui n'avait pas daigner me regarder lorsque j’avais failli me faire violer, mais dans quel monde était-je? Un éclats de peur luisait dans leurs yeux. Dès le moment où vous aviez une arme blanche vous étiez forcément le méchant ! Évidement, personne ne se souvint que c'était moi qui devait me plaindre et pleurnicher!
Décidément je vivais dans un univers de peurs vêtit d'un voile de mensonges.